Livret d'artiste: Carole Bécam | Textes: Catherine Bécam | Préface: Carine Iriarte

L’oeuvre de Carole Bécam touche à l’essence respirante. Chaque tableau est un appel à revenir au « calidum innatum« , chaud inné à l’intérieur de l’être. L’acte pictural se veut ici invocation du feu ; parfois c’est le temps de la combustion, parfois le temps de la cendre ou celui de l’exhalaison.

La contemplation d’une peinture de Carole Bécam est une percée invisible, de la dispersion à la concentration. En premier lieu, le contemplateur accueille la résonance : il y trouve l’écho de son paysage intérieur –résurgence d’un espace intime fait de matières minérales, d’organisations cellulaires, de plaques tectoniques, d’amassements composites d’une géologie imaginaire venant ouvrir les gouffres intérieurs comme le feu ouvre les corps.

En second lieu, à l’approche de l’ouverture, le contemplateur consent à l’audace cosmique alors qu’il pressent la possibilité d’un rêve extrême. C’est là la générosité de l’oeuvre de Carole Bécam : nous inviter à retrouver « la respiration des grands souffles », cette respiration cosmique que Bachelard reliait à la rêverie cosmique primitive, lorsque le monde était prolongement du corps humain et l’homme, expression de la terre, du ciel et des eaux.

« Un jour, tu parleras la langue de feu ».

Catherine Bécam offre en miroir une parole ignée désirant reprendre sa force primordiale, au seuil de l’indicible. S’ouvre alors un dialogue entre art pictural et art poétique, où peinture n’est que poésie et poésie n’est que peinture. La parole poétique de Catherine Bécam devient théophanie, à l’intersection de l’univers pictural de Carole Bécam, lequel ouvre les portes du monde subtil. C’est alors le « silencio » de la révélation céleste descendant dans le secret des âmes.

Cet espace du primordial prophétise un voyage vers l’atome, au coeur de l’essence, où l’infiniment petit abrite d’innombrables systèmes solaires. En cela, Carole et Catherine Bécam nous ramènent avec solennité aux commencements et au cosmos premier, où mouvement et silence cohabitent dans un lieu sans-lieu.

— Carine Iriarte, janvier 2022.